Paul Cox
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Paul, pour commencer cet entretien, peux-tu revenir sur tes origines ?
Mon nom est Paul Cox et je viens d’Angleterre. Je suis né à Wolverhampton mais je vis dans le sud du pays depuis une trentaine d’années. Je suis passé par Londres, en 1981, afin d’y rencontrer la gloire et la fortune (rires). Cependant je me suis définitivement installé dans le sud même si je passe le plus clair de mon temps à voyager.

De quelle manière t’es-tu lancé dans le chant ?
Je m’estime chanceux car j’ai commencé à chanter alors que j’étais très jeune. Je devais, à peine, avoir 5 ou 6 ans. J’ai vraiment été sensibilisé à cet art dès mes premières années de scolarité…
J’avais 18 ans lorsque j’ai rejoint mon premier groupe qui était constitué de camarades de Lycée. C’est à cette époque que je suis complètement tombé amoureux du métier de chanteur et de « performer ».
C’est toujours à Wolverhampton dans les Midlands que j’ai accentué mes collaborations au sein de divers combos pendant 2 ou 3 ans.

En 1980 j’ai auditionné pour un groupe à Londres (le groupe Darts, nda)… C’est à partir de là que les concerts se sont enchaînés à un rythme effréné et que j’ai commencé à rencontrer de nombreux grands noms de la scène musicale anglaise.

Peux-tu revenir sur la scène musicale de Wolverhampton, sur ce que tu pouvais entendre lorsque tu étais enfant puis adolescent ?
Bien sûr !
La scène locale était très intéressante, même si peu de groupes ont eu l’occasion d’aller plus loin et de se forger de grandes carrières. Je te parle surtout des années 1970, alors que j’étais adolescent (Paul est né le 15 août 1959, nda). Le groupe de rock, issu de cette ville, le plus connu reste Slade (qui était au départ un groupe de rythm and blues nommé The N’Betweens puis de folk rock sous le nom de Ambrose Slade, nda). Il ne faut pas oublier que, non loin de là, dans le district de Birmingham (toujours dans les Midlands), sont nés des gens qui ont révolutionné la musique anglaise : Steve Winwood, Ozzy Osbourne, Robert Plant et John Bonham du groupe Led Zeppelin, Denny Laine des Moody Blues puis guitariste des Wings aux côtés de Paul Mc Cartney etc…

Beaucoup de grands talents de cette période sont issus de cette région. De plus nous pouvions bénéficier de la venue d’artistes de renoms qui se produisaient dans une salle mythique de Wolverhampton, le Club Lafayette.
J’y ai vu beaucoup de groupes, principalement de soul ou de blues, qui ont contribué à mon éducation musicale. Mais aussi des groupes de punk ou des gens comme les UB40 et Def Leppard à leurs débuts.
C’est en y découvrant des combos qui se produisaient dans un registre soul et qui, souvent, étaient accompagnés par une section de cuivres que je me suis dit « voila la musique que je veux faire ! ».
J’ai rencontré beaucoup de personnalités du « music business » dans cette ville. Tous m’ont encouragé et m’ont poussé à faire ce que je fais aujourd’hui.

Peux-tu être plus précis quant à ta découverte de blues et de la soul music ?
J’ai réalisé, de nombreuses années avant, quel était le type de musique qui me plaisait le plus. Cependant, je ne savais pas encore quelles en étaient les origines.
C’est en écoutant un album de l’un de mes héros des Midlands, le chanteur Jess Roden (qui, à l’instar d’un Robert Palmer, excelle dans la soul blanche), que j’ai cherché à en savoir davantage (Jess Roden combinait à merveille la soul, la pop, le rock et le blues. Il bénéficiait d‘un gros son et d'un groupe constitué, entre autres, d‘une section de cuivres et d‘un orgue. Paul m’a confié que c’est le guitariste de son premier groupe qui l’a poussé à découvrir cet artiste en lui disant « c’est de là que tu viens », nda).  La musique de Frankie Miller et de Robert Palmer a eu le même effet sur moi. Quand j’ai entendu ces blancs chanter de la soul music, j’ai me suis plongé dans la discographie d’Al Green, d’Otis Redding, des artistes de la firme Motown, de la soul music de Philadelphie etc…
De plus, je les écoutais sans cesse à la radio… c’était phénoménal…

J’étais très jeune mais j’étais déjà obnubilé par ce son et ces voix…
J’ai oublié de citer Paul Rodgers qui est, aussi, l’un de mes héros… C’est d’ailleurs en lisant l’une de ses interviews que je me suis rendu compte que l’une de ses grandes sources d’inspiration était Otis Redding. Auparavant je ne possédais qu’un double album vinyle de ce dernier, mais là je me suis vraiment écrié « Wouah ! C’est aussi ce que je veux faire de ma vie ! ».
Ce rythme endiablé, ces sections de cuivres, ces voix incroyables qui vous prennent au cœur, la puissance des groupes… J’étais sidéré…

Cette puissance je l’ai aussi retrouvée chez BB King qui est le premier bluesman que j’ai découvert alors que j‘étais très jeune. Il est vraiment au sommet de cette musique, la chanson « The Thrill Is Gone » m’avait alors particulièrement marqué.
J’ai surtout été touché par les bluesmen de la deuxième et troisième génération… ceux qui officiaient à la même période qu’Otis Redding.

Peux-tu revenir, en détails, sur ton premier groupe et tes premières expériences scéniques ?
Mon premier groupe date de 1978, alors que j’étais au Lycée. Il avait été créé par un gars avec lequel j’échangeais des cassettes audio. Il cherchait un chanteur…
Comme j’avais envie d’essayer je me suis lancé. Je m’entraînais en chantant par-dessus mes disques. J’avais branché un micro dans ma sono et je m’exerçais de la sorte. Je l’ai fait un nombre incalculable de fois sur la chanson « Black Dog » de Led Zeppelin, autant commencer avec le top du top (rires).

J’ai donné mon premier concert dans un petit Pub, devant une assemblée restreinte. Quelques jours après, nous nous sommes retrouvés à faire la première partie d’un groupe de rock très populaire alors. C’était dans une grande salle et des gens, présents la semaine précédente, étaient venus spécialement pour moi…
A partir de là, c’est devenu une véritable drogue et j’ai décidé d’en faire mon métier pour le reste de ma vie. Je ne suis pas resté longtemps dans ce groupe, qui a connu une existence assez courte, mais cela reste une initiation fantastique.

La soul music connaît, ces temps-ci, un net regain d’intérêt. Comment expliques-tu cela ?
Je pense que les racines de la soul music actuelle sont, incontestablement, les musiques créées par les firmes Motown, Stax ou à Philadelphie…
Cette musique a toujours évolué et s’est toujours développée au fil des décennies, tout en respectant les lignes directrices établies par nos illustres aînés que sont Ray Charles, James Brown, Otis Redding, Al Green, The Temptations etc…
Aujourd’hui il ne s’agit plus, uniquement, d’être noir mais il reste nécessaire de posséder une histoire et d’y croire suffisamment pour la transmettre avec émotion. C’est la musique du vécu, de l’âme…
Cette musique est née quand le gospel a cessé d’être uniquement une musique d’église… C’est une forme de gospel qui a abordé des sujets profanes attenants aux rapports humains, à l’amour…

Un bon exemple est la chanson de Ray Charles « I Got A Woman » qui a toute les caractéristiques du gospel mais qui exprime une histoire d’amour…
La communauté gospel avait été très choquée par ce morceau… C’est en grande partie le public blanc qui en a fait un succès énorme. C’est quelque chose qui serait trop long à développer dans le cadre d’une seule émission de radio mais, pour résumer, je répète que c’est une musique qui n’a cessé d’évoluer depuis les églises et qui, de ce fait, a toujours le vent en poupe actuellement.

Parmi la nouvelle génération, quels sont les artistes que tu préfères ?
Il m’est difficile de te répondre car, finalement, j’écoute assez peu de gens issus de la nouvelle génération. Je reste un peu ancré dans la forme « classique » de cette musique…
Il y un chanteur qui possède une voix formidable, on pourrait presque croire qu’il est noir, c’est Tad Robinson. Je l’apprécie énormément !
Sa musique me fait beaucoup penser à Al Green, bien qu’il soit davantage orienté vers le blues.
En Angleterre, il y a James Hunter que je trouve vraiment fantastique !

Le connais-tu, je crois qu’il vient de Londres ?
Oui, c’est exact il vient de Londres. Je l’ai découvert il y a une bonne vingtaine d’années alors qu’il se produisait au sein d’un groupe nommé Howlin’ Wilf. Il connaît le succès aux USA depuis quelques temps… Il est vraiment formidable, je l’adore !
J’apprécie aussi le fait que de nombreux jeunes noirs reviennent à ces musiques aux USA. Ils ont des voix incroyables et respectent vraiment les traditions du southern soul, du blues et du funk…
Ces gars qui arrivent tout juste nous proposent vraiment des choses formidables…

Aujourd’hui, quels sont tes meilleurs amis dans le monde de la musique anglaise ?
J’ai de nombreux amis, à commencer par les membres de mon groupe (Mike Summerland à la guitare, Al Maclow à la basse, Steve Dixon à la batterie et Roger Cotton à l’orgue). Je les connais depuis 20 ou 25 ans, ce sont de bons musiciens, de bons auteurs-compositeurs et des personnes formidables.

Parmi les plus prestigieux, j’ai la chance d’entretenir d’excellentes relations avec Paul Jones qui était le chanteur du groupe Manfred Mann dans les années 1960. Il officie, actuellement, dans un groupe de blues et anime depuis 25 ans une émission de radio. Il me fait l’honneur de passer régulièrement mes disques sur sa station qui est la BBC.
D’autres amis sont  Nick Payne, le saxophoniste qui a joué ou joue encore avec Gary Moore, Bill Wyman, Paul Young, Cuture Club, Paul Mc Cartney et tant d’autres. Il m’a beaucoup encouragé dans ma carrière. Papa George, un formidable guitariste, est aussi très proche de moi…

Il y en a tant… Ils ont tous des personnalités formidables et c’est une chance incroyable de pouvoir régulièrement travailler avec eux.
Le fait d’entretenir de telles relations avec ces gens est une chose extraordinaire !

Enfin, je ne peux pas oublier de citer l’un des musiciens qui aura eu la plus grosse influence sur moi. C’est un ami que j’ai perdu récemment, à savoir le guitariste John Slaughter.
J’ai appartenu à son groupe, The John Slaughter Blues Band, pendant 10 ans. Il est décédé, victime d’un cancer, il y a environ 3 ou 4 semaines (le 15 août 2010, nda). J’ai enregistré des disques et tourné à travers l’Europe avec lui. Nous avons partagé la scène avec Ray Charles, Eric Clapton
Il restera probablement l’un de mes meilleurs amis et définitivement mon plus grand mentor (le lendemain, en compagnie de Charlie Fabert à la guitare, Paul a rendu un émouvant hommage à John Slaughter en interprétant « Cold Cold Feeling » dans l’émission Route66, nda).

Comment se portent les musiques roots, en Angleterre, aujourd’hui ?
C’est un peu comme partout ailleurs dans le monde, c’est-à-dire pas terrible…
J’emploie souvent une image pour expliquer cela. Imagine un poisson dans la mer…
Lorsque le poisson est immergé, personne ne s’en inquiète. Par contre, lorsqu’il remonte à la surface, les même personnes sont contentent de pouvoir le voir et l’admirer. Finalement ce poisson ne fait que ça, descendre et remonter… en fonction du marché et des médias.

Actuellement, c’est la scène folk qui a le vent en poupe en Angleterre. Le blues recommence à avoir un petit impact chez de nombreux jeunes guitaristes en herbe. Nous pouvons nous targuer d’avoir vu surgir ces dernières années, des artistes tels que : Ian Parker, Danny Bryant, Oli Brown, Philip Sayce, Ansley Lister etc…
Ces types n’ont qu’une vingtaine d’années et sont des passionnés de blues. Ils jouent dans tous les registres, du rock blues au blues acoustique…
Ils sont soutenus par des labels, comme Ruf Records, qui font le maximum pour les promouvoir. Tout cela va permettre à cette musique de connaître, à nouveau, davantage de popularité.

Il y a aussi beaucoup de Festivals…
Comme me le disait mon ami Roger Cotton (également organiste de Buddy Wittington, lui-même ex-membre des Bluesbreakers de John Mayall), les gens ont toujours l’image de la guitare lorsqu’ils pensent au blues. Cet instrument est directement lié à cette forme musicale et, de ce fait, il est encore plus difficile de se faire un nom lorsqu’on est uniquement chanteur.
J’espère toujours pouvoir faire évoluer les mentalités (rires) !

Que représente, pour toi, le fait d'effectuer actuellement une tournée aux côtés du jeune chanteur-guitariste français Charlie Fabert ?
J'ai commencé dans ce métier 1 ou 2 générations avant que Charlie ne fasse son apparition sur la scène blues. J'essaye de lui faire part, du mieux possible, de mon expérience et de lui apprendre un maximum de choses sur la profession.
En échange, j'apprends également beaucoup de choses de lui. Il est très intéressant de voir la manière dont fonctionne un si jeune musicien. Il est vraiment très impressionnant, de part ses connaissances, et il possède un grand talent. De plus il me permet de me produire en France, ce qui est une première pour moi. C'est toujours un honneur de découvrir un nouveau pays et de travailler avec un tel groupe (pour la partie francophone de la tournée, en plus de Charlie, Paul était accompagné par Philippe Dandrimont à la basse, Vartan Fau aux claviers et Pierre-Alain Delaunoy à la batterie, nda). C'est vraiment un  combo formidable, constitué de gars qui sont vraiment sympathiques.

Charlie est toujours positif, quoiqu'il arrive. Il sait gérer toutes les situations et fait preuve d'une grande maturité. Je suis content de savoir qu'il est fier de travailler  avec moi... et la réciproque est, également, vraie.
Je l'ai rencontré il y a près d'un an (à la période de Noël). Je ne savais pas qu'il me connaissait déjà et qu'il m'appréciait. Quand je l'ai entendu joué, j'ai eu un véritable choc, une révélation...

J'ai vu et rencontré de nombreux guitaristes tout au long de ma carrière mais, lorsque j'ai découvert Charlie, j'ai immédiatement pris conscience de son énorme potentiel. Le mois prochain, je lui renverrai l'ascenseur en lui permettant de réaliser une tournée en Angleterre à mes côtés. A cette occasion, j'inviterai beaucoup de mes amis musiciens, je veux absolument qu'ils prennent conscience du talent de Charlie et que ce dernier puisse les rencontrer. Je suis sûr que cela pourra lui permettre d'ouvrir encore plus de portes. Cette rencontre avec Charlie est la plus belle chose qui me soit arrivée ces dix dernières années.

Maintenant que tu connais plusieurs artistes de blues français, peux-tu me dire ce que tu penses de cette scène ?
J'ai rencontré Fred Chapellier qui est un musicien fantastique, doublé d'un bon garçon. Je sais qu'il travaille avec beaucoup de beau monde...
Charlie m'a permis de croiser d'autres artistes français. Tous ont du talent... Ils connaissent parfaitement la musique américaine et anglaise. Ils en ont pris quelques éléments et, à partir de là,  se sont forgés leurs propres styles.
Je crois sincèrement en l'avenir de Charlie, je suis sûr qu'il peut percer et devenir connu en Angleterre. Je l'espère tant pour lui...

Peux-tu me parler de ta discographie ?
J'ai enregistré 3 albums sous mon propre nom, pour le compte du label Note Music. On me retrouve aussi sur des enregistrements (2 disques) du John Slaughter Blues Band, sortis sur le label hollandais Timeless Records. J'ai également interprétés de nombreuses chansons sur d'autres albums, notament une compilation de la BBC et des disques d'autres groupes et artistes européens.
De ce fait, on doit me retrouver sur 14 ou 15 albums différents.

Comment définis-tu ton style ?
C'est une combinaison entre les sons britanniques des années 1960 (Eric Burdon, Steve Winwood, Steve Marriott, Joe Cocker, Paul Rodgers, Rod Stewart, Chris Farlowe et quelques autres...). J'essaye de perpétuer une certaine tradition...
Je n'ai pas le succès de tous les gens cités auparavant, c'est probablement dû au fait que je suis né au mauvais moment, c'est à dire trop tard (rires)...

J'essaye simplement de faire la musique que je ressens et de montrer quelles sont mes origines musicales. Je me vois mal faire du hip-hop et sauter dans tous les sens, simplement parce que c'est à la mode. Ma musique est un mélange de soul, de rock, de blues et même parfois d'un peu de jazz.
On me classe dans le blues, mais je me considère comme un petit musicologue qui essaye de porter la flamme de ces différents styles.

Quels sont tes souhaits pour l'avenir ?
Le premier d'entre eux est de rester vivant le plus longtemps possible !
Je souhaite continuer à faire ce métier tant que je le pourrai...
J'aimerais consacrer, le plus possible, les prochaines années à cette collaboration avec Charlie Fabert. Nous allons enregistrer un album l'an prochain et un DVD live (sur lequel Paul est invité sur quelques titres, nda) est sur le point de sortir. Je vais aussi enregistrer un nouveau disque sous mon propre nom...

Je veux continuer à faire des concerts... J'espère que les gens viendront de plus en plus nombreux et qu'ils achèteront les disques. Ma carrière s'est bien développée tout au long de ces années. Cependant je pense que je peux encore franchir une étape et qu'il me reste de belles expériences à vivre.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Simplement dire aux gens qu'ils n'hésitent pas à taper le nom de Paul Cox, sur des sites de partage de vidéos en ligne, afin de se rendre compte de ce que je fais. Qu'ils écoutent ma musique sur mon site, qu'ils achètent les albums et qu'ils aillent aux concerts. Je donne toujours tout ce que je peux lors d'un concert... Si vous n'aimez pas, je ne vous demanderai rien. Par contre, si vous aimez, n'hésitez as à acheter les albums... Il est tellement important de soutenir les artistes en cette période difficile pour les musiques que nous défendons. Je donnerai toujours 100% de moi même pour mon public...
J'aime tellement ce que je fais... je souhaite transmettre cet amour à tout le monde...

Remerciements : Charlie Fabert pour avoir permis à Paul d'effectuer, enfin, une tournée en France.

www.myspace.com/paulcoxband
www.note-music.co.uk

 

 

 

 

 

 

 
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Interview réalisée au
Caf Conc d’Ensisheim

le 14 septembre 2010

Propos recueillis
par David BAERST et Jean-Luc

En exclusivité !

 

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